Khadîdjah bint Khuwaylid (radhia Allâhou anha)

Khadîdjah bint Khuwaylid est née en 68 avant l’Hégire, de Khuwaylid bin Asad et de Faatimah bint Za’idah.

Elle avait développé par son éducation des traits de caractères dignes d’éloges et était connue et appréciée pour son intelligence, sa pudeur et sa sagesse, au point que l’on commença à l’appeler « Tâhirah » (la pure).

C’était une femme d’affaire accomplie, qui avait bâti sa fortune par l’intermédiaire de quelques hommes qui faisaient du commerce pour son compte.

Elle fut d’abord mariée à Abu Hâlah bin Zurarah des Banu Tameem et fut mère de deux garçons, dont l’un mourut à la bataille d’al-Jamal, en combattant aux côtés d’Ali (radhiyallâhou’anhou).

Elle entendit parler de l’honnêteté et de la générosité du Messager de Dieu (sallallâhou’alayhi wa sallam).

Un jour, Abou Tâlib dit à son neveu : « Je suis un homme sans fortune, les temps sont devenus durs pour nous, nous avons été tourmentés par ces années de misère, et nous n’avons ni possessions matérielles ni marchandises. Cette femme, Khadîdjah, envoie des hommes de ton peuple pour faire des affaires avec sa fortune et ils en gagnent un bénéfice. Alors si elle vient vers toi, montre-lui ton honnêteté. »

Khadîdja le fit chercher et lui proposa de se rendre avec sa fortune à ash-Shaam (région de la Syrie) pour faire du commerce. En contrepartie, elle lui donnerait plus qu’elle donnait aux autres hommes qui travaillaient pour elle. Elle enverrait aussi avec lui un de ses jeunes serviteurs du nom de Maysara. Le Messager de Dieu (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) accepta et partit avec sa fortune et son serviteur, Maysara, jusqu’à ce qu’il atteignit as-Shaam. Là il vendit les articles avec lesquels il était parti et acheta ce qu’il désirait acheter pour le compte de Khadîdja. Accompagné de Maysara, il embarqua pour Makkah avec une caravane. Les transactions qu’il fit rapporta deux fois plus de profit que le profit habituel… et le salaire qu’il reçut de la part de Khadîdja fut le double du salaire qu’elle donnait d’habitude.

Lorsque Maysara rapporta à Khadîdja ce qu’il avait vu du caractère de Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wa sallam), elle le fit chercher. Elle lui dit :

« Ô cousin, vraiment, je t’apprécie en raison des liens familiaux qui nous unissent, de l’incontestable noblesse de tes origines, de ton honnêteté et de ta sincérité, mais aussi pour l’intégrité de ton caractère et la véracité de tes propos. »

Et elle lui proposa le mariage.

Le Messager de Dieu (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) en fit part à ses oncles. Hamza vint avec lui et ils appelèrent Khuwaylid qui dit (en ce sens) : « Il est fort, rien ne peut l’atteindre. » (Il exprima de la sorte son approbation pour le mariage…)

Ainsi, le Messager de Dieu (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) l’épousa et lui donna une dot de 20 chameaux.

Elle était âgée de 40 ans quand elle l’épousa, et il en avait 25. Elle fut sa première épouse. Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) ne prit aucune autre femme tant qu’elle fut en vie.

Elle lui donna 6 enfants: Al-Qaasim, ‘Abdullah (surnommé Tayyib (le bon) et Tâhir (le pur)), Zaynab, Ruqqayyah, Oum Koulthoum, et Fâtimah.

Quand le Prophète (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) reçut la mission prophétique, elle fut la première à croire en Dieu et en son Messager Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wa sallam); elle fut la première à croire en ce que Son Seigneur lui envoya et le soutint dans sa mission.

A chaque fois que le Prophète (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) était confronté à des propos détestables de la part des polythéistes qui ne croyaient pas en son message, Dieu le consolait à travers Khadîdja. Celle-ci atténuait ainsi la tristesse que provoquait chez le Messager l’attitude (de refus et de rejet) dont il était témoin de la part des gens.

Selon Aicha (radhyallâhou’anha), la Mère des Croyants, le commencement de l’Inspiration Divine (« Wahiy ») à l’Envoyé de Dieu (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) prit la forme de rêves pieux, qui se révélaient véridiques comme la clarté du jour… Ensuite, l’amour de la solitude lui fut donnée.

Il se retirait, seul, dans la grotte de Hîra, où il adorait Dieu Unique continuellement pendant plusieurs jours, jusqu’à ce qu’il désirait voir sa famille. Il prenait avec lui des provisions pour son séjour. Puis, il revenait vers sa femme Khadîdja pour en reprendre de la même façon, quand soudainement la Vérité descendit à lui alors qu’il se trouvait dans la grotte.

L’ange vint à lui et lui demanda de lire. Le Prophète (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) répondit « Je ne sais pas lire. » Le Prophète (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) ajouta (dans sa narration de l’événement à Aïcha) : l’ange m’attrapa avec force et me serra si fort que je ne pouvais plus le supporter. Il me relâcha alors et me demanda à nouveau de lire et je répondis : « Je ne sais pas lire. » Sur quoi il m’attrapa à nouveau et me serra une seconde fois jusqu’à ce que je ne puisse plus le supporter. Il me relâcha alors et me demanda à nouveau de lire mais à nouveau je répondis : « Je ne sais pas lire. » Sur quoi il m’attrapa pour la troisième fois et me serra et me relâcha et dit : « Lis ! Au nom de Dieu, qui a créé tout ce qui existe, qui a créé l’homme à partir d’un caillot de sang, Lis ! Et ton Seigneur est le plus généreux ».

Puis le Messager de Dieu (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) repartit (chez lui) avec la Révélation et le cœur battant très vite. Il vint à Khadîdja bint Khuwaylid et dit : « Couvre-moi ! Couvre-moi ! » Elle le couvrit jusqu’à ce que sa peur se dissipa, après quoi il lui raconta tout ce qui s’était passé et dit : « J’ai peur que quelque chose ne m’arrive ! » Khadîdja répondit : « Jamais ! Par Dieu, Dieu ne permettra jamais que tu sois dans une situation de honte ! Tu gardes de bonnes relations avec tes parents et amis, tu aides les pauvres et les miséreux, tu sers généreusement tes invités, et assiste ceux qui sont victimes d’une calamité. »

Khadîdja l’accompagne alors chez son cousin Waraqah bin Nawfal bin Asad bin ‘Abdul-‘Uzza, qui, pendant la période pré-islamique, s’était converti au christianisme et s’était attaché à l’apprentissage de l’hébreu… Il écrivait l’Evangile en hébreu autant que Dieu le permettait. C’était un vieil homme et il avait pratiquement perdu la vue.

Khadeejah dit à Waraqah : « Ecoute l’histoire de ton neveu, Ô mon cousin ! » Waraqah demanda : « Ô mon neveu ! Qu’as-tu vu ? »

L’Envoyé de Dieu (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) décrivit tout ce qu’il avait vu. Waraqah dit : « C’est celui (l’ange Gabriel) qui garde les secrets, qui a été envoyé par Dieu à Moïse. Comme j’aurai aimé être encore jeune et pouvoir vivre jusqu’au moment où ton peuple te chassera. »

L’Envoyé de Dieu (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) demanda : « Vont-ils me chasser ? »

Waraqah lui répondit par l’affirmative et dit : « Quiconque est venu avec quelque chose de semblable à ce que tu as rapporté a toujours été traité avec hostilité et si je devais rester en vie jusqu’au jour où tu seras chassé alors je te soutiendrai fortement. « 

Mais après quelques jours, Waraqah mourut, et la Révélation Divine s’arrêta également pendant un certain temps. (…) (Boukhâri)

Le Messager de Dieu (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) et Khadîdja (radhyallâhou’anha) continuèrent à prier en secret aussi longtemps que Dieu le voulut.

Afeef al-Kanadee rapporte : « Je vins à Makkah pendant les jours d’Ignorance et je voulais vendre pour le compte de ma famille des vêtements et du parfum. J’allai chez al-Abbaas b.’Abdul-Muttalib. » Il dit : « Pendant que j’étais dans sa maison, je regardais la Ka’bah. Alors un jeune homme leva sa tête vers le ciel et se tourna, debout, en direction de la Ka’bah. Un adolescent vint et se mit à sa droite. Il ne s’écoula pas beaucoup de temps jusqu’à ce qu’une femme vint et se mit derrière eux. Alors le jeune homme se courba, puis l’adolescent et la femme se courbèrent. Le jeune homme leva sa tête et l’adolescent et la femme la levèrent. Alors le jeune homme se prosterna et l’adolescent et la femme se prosternèrent.  » Il continue: « Alors, je dis : « Ô Abbaas ! Vraiment, je vois un grand homme «  Abbâs répondit: « Une question importante : Sais-tu quel est ce jeune homme ? «  Je dis : « Non. » Il dit : « C’est Mouhammad bin Abdoullah bin Abdoul-Mouttalib, mon neveu. Sais-tu quelle est cette femme ? ». Je dis : « Je ne sais pas « . Il répliqua: « C’est Khadîdja bint Khouwaylid, la femme de mon neveu… Mon neveu, que tu as vu, nous a rapporté que son Seigneur est le Seigneur des Cieux et de la Terre et qu’il lui a ordonné cette religion qu’il suit. Je jure par Dieu que je ne connais personne d’autre sur Terre qui suit cette religion à part eux.  » Afeef dit : « Je voulais être le quatrième (à leurs côtés)… « 

Le Messager de Dieu (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) honorait Khadîdja (radhyallâhou’anha) et l’aimait. Il n’était jamais en désaccord avec elle, et ce, avant même de recevoir la révélation.

Il pensait beaucoup à elle après sa mort et ne se lassait pas de prier pour elle; au point qu’Aisha (radhyallâhou’anha), la Mère des Croyants, en fut jalouse et dit au Prophète (sallallâhou ‘alayhi wa sallam): « Véritablement Dieu t’a donné mieux que cette vieille femme. »

Le Prophète (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) se mit en colère et dit :

« Non, par Dieu, je jure que Dieu ne m’a jamais rien donné de meilleur qu’elle. Elle fut la femme qui crut en moi quand personne d’autre ne me croyait. Elle a affirmé que je disais vrai quand tout le monde m’accusait de mentir. Elle me soutint avec son argent quand tout le monde m’infligeait des privations. Et Dieu m’apporta à travers elle des enfants, alors qu’aucune autre femme ne m’en a donné. « 

En fait, le Prophète (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) fut si en colère à propos de ce que j’avais dit que son front trembla.

Alors je me suis dis: « Ô Dieu, si le Messager de Dieu (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) se calme, je ne dirais plus jamais de choses comme ça. »

Aicha (radhyallâhou’anha) dit également: « Je n’ai jamais été jalouse d’une autre épouse du Prophète (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) comme je l’ai été de Khadîdja (radhyallâhou’anha). Pourtant, je ne l’ai pas vu, mais le Prophète (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) se souvenait beaucoup d’elle. Parfois, il sacrifiait un mouton, le coupait en morceaux et les envoyait aux amis de Khadîdja (radhyallâhou’anha) et il disait : « Comment puis-je l’oublier ? Elle m’a aussi donné les enfants les plus affectueux. »

Aicha (radhyallâhou’anha) dit encore : « Le Messager de Dieu (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) quittait rarement la maison avant d’avoir parlé de Khadeejah et d’avoir prié pour elle « .

Khadîdja (radhyallâhou’anha), Mère des Croyants, mourut en aidant le Messager de Dieu (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) à transmettre l’appel de l’islam. Elle quitta ce monde trois années avant l’émigration à Médine, à l’âge de 65 ans. Le Prophète (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) l’enterra de ses propres mains. Sa mort fut une grande source de tristesse pour le Prophète (sallallâhou ‘alayhi wa sallam).

Qu’Allah soit satisfait d’elle et l’agrée ! Âmine

Article traduit par la sœur Louisa avec l’aimable autorisation du site « Muslim sister’s homepage « :
http://www.jannah.org/sisters/khudija.html